Concepts clefs : pouvoir, autorité politique
Notions : Liberté de penser, liberté de culte, tolérance, absolutisme, monarchie parlementaire, opinion publique, Lumières
Documents : L’Europe des Lumières
- Représentations des élèves
Le terme « Les Lumières » n’évoque rien pour la plupart des élèves. De plus, cette métaphore est discutable car elle suppose que les siècles précédents étaient strictement obscurs. Enfin, ce terme de « Lumières » n’est pas un concept.
La question se pose donc du but central de cette leçon. L’enseignant pourra choisir l’opinion publique, ou plutôt les conditions pour certaines opinions, celles portées par les hommes des Lumières (philosophes et savants). Mais ce concept d’opinion publique est trop peu consistant pour des élèves de quatrième.
Les idées transforment le monde et peuvent être des armes de combat. Ce à quoi un élève m’avait répondu : « ton poème, il ne vaut pas une mitraillette ».
J’ai donc choisi de travailler les concepts de pouvoir et d’autorité. Ce n’est pas la première fois que je propose de travailler ce concept. Il faut y revenir plusieurs fois, permettre aux élèves de faire des réinvestissements conceptuels nécessaires. La question centrale est de savoir qui doit être ou qui peut être le souverain ? Le roi Louis XV ? La Nation ? Qui appartient de plein droit à la Nation ? La notion de citoyenneté a-t-elle un sens déjà ? Dans le monde des élèves, le pouvoir s’incarne en une seule personne : le président de la république. Gouvernement, Parlement n’ont aucune substance. Ils auront donc de la difficulté à imaginer que l’autorité puisse être exercer pas plus d’une personne. En outre, la question de la légitimité du pouvoir ne se pose pas pour eux.
- Déroulement de la situation-problème
Durée |
Documents |
Consignes |
5’ |
Emergence des représentations | En politique, qui doit posséder le pouvoir ? |
Phase 1 : la monarchie absolue sous Louis XV | ||
40’ |
Un corpus de documents pour que les élèves prennent la mesure de qu’était la monarchie absolue. Ils en ont souvent une vision caricaturale assimilant la monarchie de Louis XV à un régime quasi-totalitaire. Il peut être nécessaire de donner une information sur ce qu’étaient les Parlements.
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A partir de 1750, les Parlements des provinces bloquent les réformes du roi Louis XV. Celui-ci voulait que tous paient l’impôt. Devant leurs refus, il fait un discours pour leur répondre.
Vous devez imaginer ce discours. |
30’ |
Socialisation
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10’ |
Trace écrite
Le document 2 peut servir de trace écrite pour faire le point sur la monarchie absolue et la Société d’Ancien régime. |
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Phase 2 : La remise en cause de l’absolutisme | ||
30 ‘ |
Un corpus de documents pour permettre aux élèves d’incarner cette remise en cause de l’absolutisme et le développement des idées nouvelles en matière politique.
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Voici le discours prononcé par Louis XV pour répondre aux parlementaires. En vous aidant des documents 1 à 4, préparez une réponse à Louis XV. |
20’ |
Socialisation
Chaque groupe lit la réponse qu’il a préparée. Il faut que les élèves aient pris conscience que les points de vue qu’ils expriment sont en partie contradictoires avec la production qu’ils avaient faite dans la phase précédente. |
Venez lire votre réponse. Soyez attentifs car les autres groupes exprimeront des avis différents des vôtres. |
10’ |
Trace écrite
L’idéal serait de construire avec les élèves un tableau autour de la notion d’autorité collationnant succinctement les points de vue des phases 1 et 2. |
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Phase 3 : la remise en cause de la société d’Ancien régime | ||
30 ‘ |
Un corpus de documents pour mesurer la remise en cause de la société d’Ancien régime fondée essentiellement sur la naissance et non sur le « mérite » ou le « talent » (même s’il y aurait beaucoup à dire sur la pertinence et la réalité de ce renversement.
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Vous êtes le roi de France. Vous avez lu les passages de la pièce de théâtre de Beaumarchais : le mariage de Figaro.
Vous devez décidé si vous laissez oui ou non jouer la pièce. Il faut justifier vos arguments. |
20’ |
Socialisation
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Vous devez présenter à la classe votre décision et la motiver. |
10’ |
Trace écrite
La trace écrite peut consister à faire écrire un court article de loi qui préfigurerait l’article 1 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (26 août 1789). |
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Phase 4 : les Lumières et la Religion | ||
30 ‘ |
Cette phase 4 n’est pas déterminante. Elle permet de montrer que les esprits des Lumières n’avaient pas que la censure royale comme adversaire mais aussi l’Eglise. Le tremblement de terre de Lisbonne est une solution comme l’affaire Calas.
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Ces 3 documents présentent le même événement de manière différente. Choisissez le point de vue qui illustre le mieux la lettre de Diderot à Sophie Volland. |
20’ |
Socialisation
Chaque groupe présente son travail. C’est l’occasion pour l’enseignant de rappeler que la lutte contre les superstitions ou contre les explications magiques est toujours actuelle. |
Vous devez présenter votre travail en montrant bien quel point de vue vous avez choisi. Attention à ne pas répéter les documents sur lesquels vous vous appuyez. |
15’ |
Trace écrite
La trace écrite doit se détacher du cas particulier du tremblement de terre de Lisbonne pour amener les élèves à mesurer la nature des combats. Le texte de Kant (voir ci-dessous) peut servir de relance. |
Les Parlements : alors qu’en Angleterre il existe un Parlement national, en France ce sont des Parlements provinciaux. Une partie de ces parlementaires souhaite la fusion de ces parlements en un seul qui dès lors serait un contre-pouvoir. Ce sont, sous Louis XV et Louis XVI, des cours de justice qui enregistre les édits royaux. Le roi peut passer outre leurs arrêts.
- Trace écrite et évaluation
Largement ébauchée dans le déroulement
Texte de Kant (choisir un ou deux extraits)
Qu’est-ce que les Lumières ? La sortie de l’homme de sa Minorité, dont il est lui-même responsable. Minorité, c’est-à-dire incapacité de se servir de son entendement (= de sa raison) sans la direction d’autrui, minorité dont il est lui-même responsable, puisque la cause en réside non dans un défaut de l’entendement, mais dans un manque de décision et de courage de s’en servir sans la direction d’autrui. Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.
La paresse et la lâcheté sont les causes qui expliquent qu’un si grand nombre d’hommes […] restent […], leur vie durant, mineurs, et qu’il soit si facile à d’autres de se poser en tuteur des premiers. Il est si aisé d’être mineur ! […]
Je n’ai pas besoin de penser, pourvu que je puisse payer ; d’autres se chargeront bien de ce travail ennuyeux. […]
Or, pour les Lumières, il n’est rien requis d’autre que la liberté ; et à vrai dire, la liberté la plus inoffensive de tout ce qui peut porter ce nom, à savoir celle de faire un usage public de sa raison dans tous les domaines. Mais j’entends présentement crier de tous côtés : « Ne raisonnez pas ! » L’officier dit : « Ne raisonnez pas, exécutez ! » Le financier : « Ne raisonnez pas, payez ! » Le prêtre : « Ne raisonnez pas, croyez ! » […] Il y a partout limitation de la liberté. […]
Kant, Réponse à la question : Qu’est-ce que les Lumières ? 1784