La fin d’un monde, le début de quel autre ?
- Les concepts clefs : révolution, système, temps (durée).
- Les notions fondamentales : société.
- LES REPRÉSENTATIONS DES ÉLÈVES
Les représentations afférentes à la notion de révolution l’associent toujours à un phénomène brutal dans son déroulement, violent dans sa forme, limité aux champs social et politique. Nous retrouverons ce même problème avec la révolution industrielle.
Le concept de révolution est très compliqué pour de jeunes élèves. Cependant, ils sont en mesure de se rendre compte que des transformations lentes, qui se diffusent sur une longue période, sont de nature à transformer radicalement la vie quotidienne des gens. La seconde difficulté réside dans un problème d’échelle du temps. En effet, la brutalité est associée à la révolution, parce que nous jugeons de la réalité des transformations à l’échelle d’une vie et parfois beaucoup moins. Si bien que la difficulté est de faire comprendre que la révolution néolithique est une transformation qualitative de taille à l’échelle d’un peu plus d’un millénaire. Nous rentrons là dans des rythmes que ne peuvent intégrer du premier coup les élèves. Sachons qu’il leur faudra plusieurs années pour être en mesure de le faire.
La troisième dimension du problème touche la nature-même de cette révolution. Plus que telle ou telle invention, il s’agit d’une transformation globale des sociétés de l’époque. On peut à cette occasion aborder l’idée qu’une société est appréciée à travers différents aspects qui sont liés les uns aux autres. A cet égard, le concept de système peut être manié par l’enseignant, dans un schéma de synthèse, pour que les élèves aient un aperçu de l’importance de la révolution néolithique.
La domestication des espèces animales et végétales -et du coup leur transformation par l’Homme- est perçue par les élèves comme un phénomène vrai depuis que l’être humain existe. Il est donc évident que sa proximité temporelle échappe de prime abord aux enfants. Enfin, dernier point qu’il nous semble important de souligner, c’est l’aire géographique où la révolution néolithique a été entamée au plan de l’agriculture comme celui de l’élevage : le Moyen Orient. Prendre conscience que les héritages sont multiples, et constitués d’emprunts faits de toute part.
- LE POINT SUR LA QUESTION
Avant la Révolution néolithique, les hommes étaient tributaires de la richesse de la zone dans laquelle ils vivaient. L’agriculture leur a permis de dépendre de moins en moins des aléas climatiques : stockage de la récolte, irrigation… Aujourd’hui, l’agriculture en serre permet de ne plus dépendre des saisons, et l’on sait même cultiver sans sol. Par certains côtés, nous vivons encore dans les suites de ce que la Révolution néolithique a ouvert, c’est à dire une économie de production.
Voici quelques-unes unes des grandes mutations qui caractérisent le Néolithique :
- Les premiers villages au Moyen Orient : vers -10 000 ans.
- Les premiers groupes agriculteurs (blé, orge, puis lentille et pois chiche) au Proche Orient : vers -10 000 ans.
- Les premiers groupes éleveurs au Proche Orient : vers -8 000 ans.
- Maintien des outillages anciens qui se perfectionnent (emmanchement), invention du polissage, de la céramique ( au Proche Orient vers -9 000 ans) et du tissage (vers -4 000 ans).
- Apparition du mégalithisme, un peu partout dans le monde : aux environs de -7 000 ans.
- Apparition des métaux, au sens de minerais travaillés à chaud, vers -8 000 ans, traitement thermique de l’ordre de 1 000 degrés, au Proche et Moyen Orient.
Il semble que l’on soit passé progressivement d’un système à un autre, à l’occasion de conditions climatiques devenues plus favorables (fin de la dernière glaciation). Le Mésolithique, dont il n’est pas nécessaire de parler aux élèves, correspondrait à une longue période de transition entre Paléolithique et Néolithique. Il faut garder à l’esprit que ces transformations ne se sont pas faites simultanément et ne sont pourtant pas indépendantes les unes des autres. Nous proposons ici, en synthèse finale, deux systèmes socio-économiques cohérents, des milliers d’années s’étant parfois écoulés entre-temps avant qu’ils soient aussi distincts que nous les présentons.
Depuis quelques années, les spécialistes ont révisé les liens de causalité qui pouvaient exister entre sédentarisation et agriculture. En effet, il semble que les populations qui ont inventé l’agriculture étaient déjà sédentaires et vivaient d’une cueillette ou d’une chasse dont les produits étaient suffisamment abondants pour qu’ils n’aient plus besoin de migrer. La sédentarité les aurait encouragés à systématiser la culture qu’ils connaissaient. Il nous faut vraisemblablement renverser notre vision des cueilleurs. Il est hautement vraisemblable que ceux-ci avaient de très hautes connaissances des plantes, accumulées au fil des générations
Société paléolithique
- Chasse
- Cueillette
- Groupes humains réduits
- Nomadisme
- Outillage en pierre
- Habitats temporaires (huttes…)
- Hiérarchie sociale faible
- Spécialisation faible
Société néolithique
- Élevage
- Agriculture
- Groupes humains importants
- Sédentarité
- Métaux, céramique, polissage
- Habitats fixes, villages
- Hiérarchie sociale forte
- Spécialisation forte
- Déroulement de la situation-problème
Durée |
ORGANISATION |
MISSION |
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Séquence 1 | Le but de cette première séquence est de se remettre dans le contexte de vie des chasseurs-cueilleurs afin de mesurer les implications de ce système ainsi que l’ampleur de la rupture que l’on nomme Révolution néolithique. | ||||
30 min | Lecture des documents sur les chasseurs et les cueilleurs. | Prenez connaissance de ces documents. Vous devez en rendre compte à la classe soit par un dessin, soit par un mime, soit par un jeu de rôle, soit par un court texte. | |||
30 min | L’enseignant organise les rapports des groupes et après que tous les groupes ont passé, il tire les constantes de ces sociétés nomades et construit le système représentant cette société. | Ecoutez le rapport des autres groupes. | |||
Séquence 2 | Le but est de mesurer la rupture que représentent des phénomènes comme la sédentarisation accompagnée ou pas des inventions de l’agriculture et de l’élevage. | ||||
30 min | L’enseignant apporte une information : les hommes ont inventé l’agriculture et l’élevage. | Les élèves retournent en groupes. Un secrétaire liste toutes les hypothèses. | Les hommes n’ont pas continué à être chasseur et cueilleur : ils ont inventé l’agriculture et l’élevage. A vous d’imaginer comment ils ont pu faire. | ||
25 min | Présentation au grand groupe des différentes hypothèses. Courte discussion et chasse aux idées. | Distribution de textes présentant des scenarii possibles. | Présentez vos hypothèses, écoutez celles de vos camarades et améliorez vos hypothèses à l’aide des textes qui vous sont distribués. | ||
15 min | Les élèves retournent en groupes et listent tout ce qui s’est transformé. | Faites la liste complète de tout ce qui a changé quand les hommes ont inventé l’agriculture et l’élevage. | |||
5 min | Élaboration et distribution d’un schéma proposant les deux systèmes sociaux. | Prenez ces schémas sur votre cahier. |
4. INDICATIONS SUR L’ANIMATION
Séquence 1
Le but de cette première séquence est de permettre aux élèves de percevoir toutes les conséquences des activités de pêche et de chasse quant au mode de vie des hommes du Paléolithique. C’est à cette condition que la rupture que représente la Révolution néolithique pourra être perçue par les élèves dans la séquence suivante.
Il faut donc que l’enseignant se serve des documents produits par les élèves pour bâtir avec eux le système de la société qui fonctionnait au Paléolithique. Ce schéma devra être consigné sur une affiche afin de pouvoir être comparé à celui représentant la société du Néolithique qui sera construit dans la séquence suivante.
Séquence 2
Les élèves doivent imaginer un scénario plausible relatant le passage de la pêche et de la chasse à l’élevage (sans que pour autant ces pratiques soient abandonnées), et de la cueillette à l’agriculture. Même si l’enseignant peut être critique à l’égard de certains scénarii produits par les élèves, l’essentiel n’est pas là mais dans la construction d’un autre système fondé sur la sédentarisation. Il ne paraît pas utile de rentrer avec les élèves sur le fait de savoir si la sédentarisation a précédé ou non l’invention de l’agriculture. Il faut que les élèves perçoivent la rupture que représentent ces deux inventions ou plutôt la généralisation de leur pratique.
L’abandon du nomadisme, c’est à dire d’une migration parallèle à celle des troupeaux ou du balancement climatique nord-sud, crée une grande autonomie par rapport aux ressources naturelles. L’homme s’engage dans une voie qui est encore la nôtre aujourd’hui : la domestication de son environnement, la complexification de la société, l’invention des échanges commerciaux, et peut être même de la guerre.
Pour finir, les élèves pourraient retenir les deux schémas construits avec eux, que nous proposons plus haut. Il n’est pas inutile de leur fournir des cartes concernant la diffusion l’agriculture et de l’élevage (A venir).
5. DOCUMENTS DE TRAVAIL :
A distribuer à la fin de la séquence 2
La chasse
Les troupeaux de rennes sont bien organisés. A l’heure du repos, ils sont difficiles à surprendre car certains d’entre eux restent éveillés, comme pour guetter le danger. Si un ennemi approche ‑ les hommes ou les loups ‑ tout le troupeau s’enfuit. Les Cro‑Magnon ne pouvaient donc pas les attaquer pendant ces moments de repos. Les rennes sont des animaux nomades qui, à certaines saisons, vont d’une région à une autre. Pendant ces trajets, ils ont l’habitude de repasser aux mêmes endroits et, en particulier, de traverser les rivières aux mêmes gués. Les Cro‑Magnon les attendaient probablement à ces passages car il est plus facile de tuer les rennes lorsqu’ils sont dans l’eau et qu’ils peuvent difficilement s’échapper. C’était alors facile de les tuer en se servant des lances et des propulseurs.
La cueillette
Les hommes du Paléolithique mangeaient des végétaux sauvages. Ils n’avaient pas à leur disposition les fruits et les légumes que nous connaissons, mais ils ramassaient des baies (myrtilles, framboises, mûres), des noisettes, des champignons, des jeunes feuilles (bouleaux), des bourgeons (saules), des écorces tendres, des pousses d’herbes, quelques plantes à racines comestibles, et, quand le climat se réchauffait, des châtaignes et des noix. Le problème est que tous ces aliments ne peuvent se stocker pour l’hiver.
Scenarii pour l’invention de l’élevage et de l’agriculture
Une jeune brebis égarée, un agneau nouveau‑né que l’homme élève, quelques veaux que le chasseur a épargnés, un animal blessé qui se laisse approcher et soigner, voilà, peut‑être les premiers éléments d’un troupeau domestique ? Du gibier qui s’élève et se conserve sur pied. Les enfants ont faim ! Plutôt que de partir en chasse, on sacrifie une bête du troupeau.
L’Homme a d’abord collecté les staminées sauvages qu’il mâche. Il sait fabriquer de la farine à la base des bouillies et galettes. Mais surtout, il a remarqué que ces graines, plantées en terre, produisent des plantes au printemps qui, à leur tour, vont fournir de nouveaux grains au début de l’été. L’Homme a dû s’apercevoir que la graine exige du temps (30 lunaisons ou plus) pour en produire de nouvelles. Une nouvelle dimension, le temps ‑ long temps d’espérance et d’attente ‑ révolutionne les mentalités des hommes.



6. BIBLIOGRAPHIE
Livres
A venir