Habiter un espace de faible densité à vocation agricole : le Sahel


  • Concept : déterminisme
  • Notions : contrainte, risque, aléa

Une seule proposition pour les deux programmes

1. Les représentations des élèves.

1.1. La notion de contrainte

Bien évidemment les élèves ne savant pas grand chose du Sahel. Mais ce n’est pas le concept central sur lequel nous allons travailler. J’ai choisi de centrer cette situation-problème sur le concept de déterminisme. Mais pour l’approcher, je vais interroger les élèves sur la notion de contrainte. Qu’est-ce que cela évoque pour eux ? Aussi, je leur pose la question suivante : Quand vous vivez quelque part, quelles sont les contraintes auxquelles vous pouvez être confrontés ? Je les ai classées en fonction de la réponse des élèves de deux classes de sixième.

  • Pollution
  • Transports et déplacements (embouteillages)
  • Prix (élevés)
  • Bouchons et embouteillages
  • Etre dérangé, bruits (de la ville)
  • Durée du travail
  • Manque d’eau, la sécheresse
  • Manque d’argent et pauvreté
  • Tremblements de terre
  • Avalanches
  • Tsunamis
  • Accès à la santé (difficulté)
  • Racisme
  • Condition des femmes

On se rend compte que les élèves ont une idée vague de ce qu’est une contrainte. Leurs réponses appellent plusieurs commentaires :

  • Ils ont raison de ne pas se limiter à une contrainte naturelle. certaines des contraintes invoquées ont pour origine l’être humain (embouteillages).
  • Ils réinvestissent les contraintes vues lors des situations-problèmes consacrées à se déplacer et se loger dans une grande métropole (Montréal).
  • Ils confondent la notion de contrainte (sécheresse) avec celle d’aléa (séisme)

1.2. La notion de contrainte naturelle

Pour aborder cette notion, je demande aux élèves de faire des hypothèses et de nommer pour chacun des espaces sur la carte, une contrainte naturelle. J’ai pris la peine de récapituler dans un tableau les hypothèses des élèves. On se rend compte que la surpopulation est interprétée comme une contrainte naturelle ainsi que la pollution et la pauvreté. Enfin difficulté, le Sahel n’est pas présenté comme un espace à contrainte naturelle. Je décide de ne pas en parler. Les numéros indiqués sur la carte me servent parallèlement pour que les élèves s’approprient le nom de grands espaces et les situent : Groenland, Sibérie, Antarctique, Rocheuses, Alpes, Himalaya, Mongolie, Cordillère des Andes, La Réunion, Amazonie, Australie.

Pour la légende, de haut en bas : déserts froids, déserts chauds et arides, hautes montagnes (altitude et pente), insularité (archipels) et forêt dense (chaude et humide).

Je procède à la correction en variant les exemples, en montrant des photographies, en expliquant par exemple que chaleur ne signifie pas aridité…

Les espaces à fortes contraintes naturelles
Espace Gr. 1Gr. 2Gr. 3Gr. 4Gr. 5G6
MauveFroidGrand froidFroidFroidFraîcheurFroid
JauneChaudGrande chaleurSécheresseSurpopulationChaleurChaleur
MarronPollutionSurpopulationPollution SurpopulationPollutionCatastrophes naturellesMontagnes
BleuXZone maritime dangereuseXXTsunamiProfondeur des océans
VertSurpopulationVégétation tropicaleXXPauvretéGrande végétation
Hypothèses des élèves associant espaces et contraintes

 2. Phase 1 – « La vie est dure au Sahel »

La première phase consiste à ce que les élèves aient un aperçu du Sahel, et de la contrainte essentielle qu’est l’aridité. Au travers de ces documents, ils peuvent commencer à repérer deux des protagonistes : les agriculteurs et les éleveurs.

Les élèves prennent conscience que « la vie est dure au Sahel » en raison du manque d’eau. Mais il est nécessaire qu’ils prennent conscience que cette rareté de la ressource engendre des conflits d’intérêt, ce qui rend la vie d’autant plus dure.

DocsObservables
Doc. 1Le Sahel est entouré par le désert du Sahara et par la forêt équatoriale, ce qui complique les déplacements. Enclavé.
Doc. 2Le lac Tchad en voie d’assèchement parce que : Les hommes prélèvent trop d’eau ;Le réchauffement climatique.
Doc. 3Les troupeaux ont besoin d’eau. Comme elle est rare, deux risques possibles : Diminution des troupeaux ;Mobilité des éleveurs.
Doc. 4 A cause de la sécheresse, les agriculteurs sont obligés d’arroser et d’irriguer. Si la sécheresse augmente, la production agricole va chuter.
Doc.5Comme il n’y a pas l’eau courante, les femmes sont obligées de faire la corvée quotidienne d’eau.
ConclusionL’eau est une ressource rare ; et beaucoup de gens en ont besoin.
Récapitulatif des observations des groupes, document par document.

Dès la classe de 6e, je mets en place la notion de boucle dialogique (empruntée à Edgar Morin) que je présente aux élèves de la façon suivante.

3. Phase 2 – Ressource et conflit d’usages

En partant du constat que l’eau est une ressource limitée au Sahel, il est évident qu’il y a des conflits d’usage entre un certain nombre d’acteurs : les paysans agriculteurs, les éleveurs nomades, les habitants des villes. Les élèves sont donc partagés en 3 groupes, chaque groupe est dédoublé, et chacun de ces groupes incarne un de ces protagonistes.

Bien évidemment, à l’issue de la tentative de conciliation, les élèves n’ont pas abouti à une solution miracle. Mais ils auront cerner la réalité du problème , appris à argumenter et à écouter les autres acteurs. J’ai réalisé ce tableau en passant dans les groupes, avant qu’ils ne participent à la Conférence.

Un mot sur celle-ci. Chaque groupe doit envoyer un délégué. Je joue le rôle du modérateur. Je fais asseoir les élèves en cercles : le premier avec les conférenciers, le second qui l’entoure avec les autres participants. Au bout de 10 minutes, un participant peut remplacer son délégué s’il estime avoir des arguments nouveaux à apporter.

Les enseignants pourront se rapporter au compte rendu de la conférence de Nouakchott (2018) des pays du G5 Sahel qui développent ces différents problèmes : accès à l’eau, partage des eaux, conflits agriculteurs et éleveurs … pour étayer leurs interventions.

 AgriculteursEleveursUrbains
Qui êtes-vous ?Producteurs de céréales (nous sommes 90% des habitants du Sahel)Fournisseurs de : 70% du lait consommé au Sahel ; 60 % de la viande bovine ;Habitants des villes.
A quoi vous sert l’eau ?Irriguer les champs Nous hydraterAbreuver le bétail, nourrir le bétail et nous hydraterNous hydrater ; Consommation domestique ; Sert à l’industrie.
Vos besoins en eau augmentent-ils ?Oui car il fait plus sec ; oui car toutes nos terres n’ont pas été mises en cultureNos besoins augmentent à cause de la sécheresseOui car la population des villes augmente.
Quels sont vos problèmes ?Manque d’eau et donc la production agricole risque de baisserLa population augmente, donc également les troupeaux. Manque d’eau.Il y a de moins en moins d’eau et le traitement de l’eau coûte de plus en plus cher. Gaspillage et épuisement des nappes phréatiques.
Avez-vous des solutions ?Réduire la production est-ce une solution ?Réduire le troupeau est-ce une solution ?Construire les villes à l’ombre et proche des rivières. Essayer de réduire la consommation et prendre conscience de ce gaspillage.
Le point avant la conférence