- Concept : tourisme, espaces touristiques.
- Notions essentielles : tourisme de masse, écotourisme, tourisme culturel, acculturation, conflits d’usage.
- Programme québécois : Les Grands lacs africains – Écotourisme et culture en Tanzanie
- Programme français : Le tourisme et ses espaces – la Tanzanie
Documents de travail : Le tourisme et ses espaces – la Tanzanie
1. Le point sur la question
La Tanzanie est un des pays de la région des Grands Lacs Africains. Pays peu développé (classé 150e dans le monde selon l’Indice de développement Humain de 2015), il progresse lentement en termes de développement économique depuis 1990 et l’un de ses principaux outils de développement est son industrie touristique. Cette dernière n’implique pas un très grand nombre de touristes puisqu’en 2015 le pays n’a accueilli qu’un peu plus de 1 million de touristes internationaux (OMT, 2015). Cela place la Tanzanie au 100e rang mondial, malgré plusieurs atouts touristiques, notamment ses paysages naturels et sa faune dans la plaine du Serengeti et sa richesse culturelle avec par exemple la présence du peuple Masai et de ses traditions qui sont devenues célèbres dans le monde entier.
Deux types de tourisme se développent en priorité en Tanzanie, un tourisme de nature et un tourisme culturel. Mais cela ne va pas sans difficultés pour les Tanzaniens, notamment pour l’ethnie Masai. Même les notions de protection et d’écotourisme qui sont souvent présentées comme des moyens d’améliorer le sort des populations locales prennent ici un sens particulier, qui amène à réfléchir sur les effets indésirables d’un écotourisme mal géré.
2. Les représentations des élèves
Les représentations des élèves à propos des Grands Lacs Africains sont associées à l’idée de savane, de grands animaux et de safaris. Dans la tradition du film de Disney Le Roi Lion, ils voient le territoire comme vide d’habitants et comme un paradis pour des animaux souvent en danger d’extinction. La notion de safari est floue car elle peut impliquer soit la chasse traditionnelle soit un safari photo, ce dernier étant le plus souvent vu de manière très positive.
La Tanzanie est riche en destinations touristiques célèbres, mais les élèves ne sont pas forcément conscients que Kilimandjaro, Serengeti, ou Ngorongoro, dont ils ont souvent entendu parler, lui sont associés.
Lorsqu’on évoque le tourisme, c’est très vite au tourisme de masse qu’on se réfère à titre de concept central, et il a une connotation très négative. Sa contrepartie, ou du moins ce qui est vu comme son opposé, est l’écotourisme, perçu comme étant forcément une bénédiction pour le territoire concerné. Le tourisme culturel est un peu moins connu mais lorsque c’est le cas il a une bonne réputation, axée sur la mise en valeur de la culture et des traditions des populations visitées. L’idée d’une opposition entre les deux premiers types de tourisme et d’une dimension négative de l’écotourisme n’est pas envisagée par les élèves.
3. Le déroulement de la séance
Trois missions sont proposées ici
- D’abord évaluer le potentiel touristique de la région des Grands lacs africains et de la Tanzanie particulièrement. C’est le premier étage de la situation-problème.
- Ensuite, prendre en compte le fait que le tourisme est une activité économique essentielle pour cette région et ce pays.
- Enfin, prendre conscience que cette industrie touristique, malgré la manne qu’elle représente ne fait pas que des heureux.
Durée | Organisation | Consignes |
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Émergence des représentations | ||
15 m | Interroger les élèves sur leur perception du tourisme dans la région des Grands Lacs Africains | Si vous deviez passer 15 jours de vacances dans la région des Grands lacs africains, de la Tanzanie, que verriez-vous ? Que feriez-vous ? |
10 m | Relever les perceptions des élèves. Voir si des formes de tourisme se dégagent. | Chacun va lire ce qu’il a noté. |
Le potentiel touristique de la région | ||
25 m | Les élèves doivent utiliser les documents pour faire le point sur le potentiel touristique de cette région. La vidéo suivante pourra être projetée à la fin du travail des élèves : https://youtu.be/qOhmZwk1Ft4 – Doc. 1. Carte des réserves naturelles de Tanzanie. – Doc. 2. Un exemple d’activité : le safari-photo. – Doc. 3. Les richesses naturelles du Serengeti. | Vous travaillez pour une agence de tourisme qui propose parmi ses différentes destinations la Tanzanie. A l’aide des documents fournis, produisez un dépliant publicitaire mettant l’accent sur les aspects positifs du tourisme en Tanzanie et présentez-le à la classe |
Le tourisme: une activité économique essentielle | ||
25 min | Les élèves doivent prendre conscience que le tourisme n’est pas qu’une activité ludique (de leur point de vue) mais aussi une activité économique très importante pour la Tanzanie. – Doc. 1. Safaris de luxe en Tanzanie. – Doc. 2. Les revenus touristiques générés par le tourisme. – Doc. 3. Nombre d’entrées de touristes internationaux en Tanzanie. – Doc. 4. Danse guerrière rituelle des Masai (Serengeti). | Vous êtes des représentants du Ministère du tourisme de Tanzanie. Préparez un discours dans lequel vous faites la promotion de votre industrie touristique pour le pays et ses habitants. |
10 m | Rapport des groupes. Les discours sont écoutés. L’enseignant incite les élèves à prendre des notes. | Chacun écoute le rapport des autres groupes. Vous aurez ensuite 10 minutes pour mettre au point votre discours. |
Conflits d’usages | ||
30 m | La classe est divisée en deux groupes. Le premier représente le gouvernement tanzanien et présente sa position à partir des documents des pages 1 et 2 Le second groupe travaille pour une organisation non gouvernementale juridique qui veut aider à défendre les Masai à partir des documents de la page 3. Par la suite, les deux groupes opposeront leurs arguments et leurs points de vue face à l’ensemble de la classe. | Vous prenez connaissance des documents de cette page. Certains groupes représentent le gouvernement tanzanien, d’autres une organisation qui défend le peuple masai. Vous pouvez vous servir des éléments de votre discours. |
15 m | Rapport des groupes. L’enseignant met en lumière le conflit d’intérêt qui peut exister entre certains groupes masai et le gouvernement tanzanien. | |
A la suite de la confrontation entre les intérêts et visions de chaque groupe, une réflexion sur les formes de tourisme en Tanzanie peut s’amorcer. Le travail consistera à réfléchir sur les contraintes de chacun des choix effectués par les élèves et sur les possibilités de concilier les intérêts des différents acteurs |
2. Quelques développements possibles
Richesse naturelle du Serengeti
Le parc national du Serengeti, Tanzanie, est inscrit à l’inventaire du patrimoine de l’Humanité (UNESCO).
Le nom Serengeti évoque les images de l’un des derniers paradis sauvages sur terre. Tous ceux qui ont eu la chance de visiter ces espaces sauvages sont repartis avec au cœur le souvenir de ces immenses plaines parcourues par des hordes d’antilopes, des colonnes de gnous, de gazelles et de zèbres, des millions d’herbivores qui transhument continuellement en quête d’herbages. L’abondance et la variété de la faune du parc national du Serengeti, Tanzanie, est telle que le voyageur est certain d’y observer l’essentiel des animaux d’Afrique : gazelles, antilopes, girafes, buffles, zèbres, éléphants, hippopotames … et une impressionnante quantité de félins : lions, guépards et léopards….
C’est l’un des plus grands parcs du monde avec une superficie de 14 763 km² et 200 km du nord au sud. Il tire son nom du dialecte Masai qui signifie “les plaines sans fin” …Comme dans tous les écosystèmes il y a une étroite corrélation entre la végétation et les animaux qui en dépendent. Au sud et sud-est on trouve d’immenses plaines nues à l’herbe rase avec, de ci de là, des kopjes, sortes d’îles rocheuses composées d’énormes blocs de granit probablement des vestiges des éruptions volcaniques.
Source: Afrique-tourism.com
Les safaris de luxe en Tanzanie
Voyage et séjour en Tanzanie, du cratère du Ngorongoro aux plages de Zanzibar. Un safari en Tanzanie peut s’imaginer en lodges de luxe ou en camps de charme, en safari aérien ou, ce qui est la spécialité du Nord de la Tanzanie, en circuit en 4×4 privé avec un guide francophone. Vous serez surpris par la densité animale, que ce soit en observant la migration dans les plaines du Serengeti, en descendant dans le cratère du Ngorongoro, ou lors d’un safari-photo dans les parcs du Sud. Pour un air de vacances au paradis, vous compléterez votre voyage en Tanzanie par un séjour sur les superbes plages de Zanzibar.
Source https://safaris-a-la-carte.com/safari-afrique/voyage-tanzanie
Les réfugiés de l’écologie
Selon le gouvernement tanzanien, au moins 40% des terres du pays se trouvent protégées sur le plan environnemental. Mais peu de gens réalisent que le célèbre Parc National du Serengeti a été établi à un prix élevé : l’expulsion des Masai et de leurs animaux vers la zone de conservation voisine du Ngorongoro à la fin des années 1950. Durant les années suivantes, alors qu’un nombre croissant d’occidentaux se sont rendus dans le nord de la Tanzanie pour participer à des circuits et à des safaris de luxe, les bergers Masai ont dû se battre pour ne pas devenir une nouvelle fois des réfugiés de l’écologie et de la conservation de la Nature.
Source : earthrights.com
Dans une plainte déposée auprès de la Haute Cour de justice de Tanzanie, les Masai des villages de SoitSambu, Mondorosi et Sukenya ont déclaré que les employés de Thomson (Safaris) ont illégalement battu des villageois et leur ont refusé l’accès à leurs terres et à leurs points d’eau traditionnels —le tout au nom d’un “éco-tourisme” de luxe. … Depuis cette époque, j’ai fini par réaliser l’ironie barbare associée à la perception occidentale qui veut que la savane est-africaine soit pleine d’animaux – mais vide de gens.
Le prix de la protection de la Nature au Serengeti
Dans son rapport « Perdre le Serengeti, la terre masai qui devait durer pour toujours », publié jeudi 10 mai, le Oakland Institute s’alarme des conflits générés par la compétition autour de l’usage de cette vaste plaine. Le think-tank californien, qui travaille notamment sur les conflits fonciers, a conduit des recherches pendant trois ans dans la zone de Loliondo, dans le nord-est du Serengeti. Sa conclusion : un long processus entamé à l’époque coloniale a provoqué une limitation drastique des terrains accessibles aux Masai. Cette tendance a été renforcée par le tourisme, avec le développement d’aires protégées (le parc national du Serengeti n’est plus habitable depuis les années 1950), de zones réservées aux safaris ou aux lodges, contrôlées par l’État ou par des sociétés privées, ce qui ne laisse plus assez de surface aux Masai pour faire paître leurs troupeaux ou cultiver la terre.
Source : Le Monde | 10.05.2018
La position du Ministère Tanzanien du tourisme
« Dans un communiqué, le ministère [tanzanien] du tourisme a indiqué que ces bomas (Maisons Masai) avaient été brûlées sur ordre du gouvernement dans le but de préserver les écosystèmes de la région et attirer plus de touristes. Il menaçait aussi ceux qui tentent de résister à travers des actions légales », indiquent les auteurs. Souvent, en effet, les communautés masai continuent de vivre ou de passer sur des terrains – rarement balisés – dont ils contestent la propriété.
Source Le Monde | 10.05.2018
Tourisme culturel chez les Masai
Les touristes se rendant en terre masai cherchent une expérience culturelle différente, celle que le Masai, le noble « sauvage » de leur imaginaire, représente et personnifie par ses modes de vie. Bien qu’elles soient différentes, les appréhensions de chacun, Masai et touriste, se fondent sur des peurs assez similaires : être perçu par l’autre comme naïf ou ignorant et se faire exploiter. De plus, comme on le voit dans le film, chacun exagère le profit qu’il peut tirer de l’autre durant la rencontre. Les Masai surestiment l’importance des photos que prennent les Néerlandais, tandis que ces derniers semblent persuadés de la très grande valeur de leur argent chez les Masai.
Chacun craint également que l’autre le voie uniquement comme un instrument voué à satisfaire ses seuls intérêts. Les touristes pensent ainsi que les Masai ne leur parlent que pour vendre des perles, et les Masai ont le sentiment que les touristes ne sont intéressés que par les photos. Chaque groupe a peur que l’autre le déshumanise, l’utilise et que l’interaction sociale n’en soit faussée, uniquement guidée par des intérêts matériels.
Le Monde 06 octobre 2017